La transition vers l’électrification des transports est déjà bien amorcée au Québec. Un nombre croissant de véhicules électriques (VÉ) est sur nos routes et les constructeurs proposent de nouveaux modèles chaque année, car le Plan pour une économie verte 2030 prévoit notamment l’interdiction de la vente de véhicules à essence neufs dès 2035. En plus d’être un moyen de lutter contre les changements climatiques, l’acquisition d’un VÉ, selon le prix et l’utilisation qui en est faite, peut devenir un choix financièrement rentable. Les locataires des logements sociaux et communautaires peuvent eux aussi participer à la transition énergétique. En effet, l’abordabilité et l’offre des VÉ, neufs et usagés, ne cessent de s’améliorer et la disponibilité des bornes de recharge publiques est en évolution constante.
Il existe trois types de recharge pour le VÉ : niveau 1, niveau 2 et recharge rapide. Dans tous les cas, le temps de recharge varie selon plusieurs facteurs : niveau d’énergie restant dans la batterie, niveau d’énergie visé, température extérieure, température de la batterie, puissance de la borne, capacité du circuit électrique alimentant la borne, etc.
La recharge de niveau 1 est disponible pour tous les VÉ. Le chargeur est intégré à la voiture ou bien fourni avec elle. Il requiert une prise électrique à 120 V et a typiquement une puissance de 1,4 kW. En moyenne, il redonne à un VÉ 5 à 7 km d’autonomie par heure de recharge.
La recharge de niveau 2 s’effectue à une tension de 208 ou 240 V. La puissance des bornes de niveau 2 varie entre 3,6 et 19,2 kW, mais est couramment de 7,2 kW. Le même VÉ peut donc être rechargé environ 5 fois plus rapidement avec la recharge de niveau 2 qu’avec la recharge de niveau 1.
L’accès à ce type de borne peut être public ou privé. Il existe quelques milliers de bornes publiques de recharge de niveau 2 au Québec. Plus de 3000 d’entre elles font partie du Circuit électrique , qui est le réseau soutenu par Hydro-Québec. La recharge y est facturée selon un tarif horaire ou bien selon un tarif fixe par séance de recharge.
Concernant les bornes privées à usage domestique, il existe sur le marché de nombreux modèles adaptés aux différentes utilisations possibles. Les bornes peuvent être à prises simples, doubles ou multiples; communicantes ou non; avec ou sans contrôle de l’accès. Parce que toute installation électrique a une capacité limitée, un système de gestion de l’énergie et de la puissance pourrait aussi devoir être installé en même temps que des bornes de niveau 2, notamment dans les immeubles résidentiels à logements multiples.
La recharge rapide à courant continu s’effectue à une tension d’au moins 400 V. La puissance des bornes rapides varie entre 24 et 250 kW, mais les modèles à 50 et 100 kW sont les plus courants. Le Circuit électrique en comporte plus de 700 au Québec. De telles bornes peuvent restituer quelques centaines de kilomètres d’autonomie au VÉ en aussi peu qu’une demi-heure et leur utilisation est facturée à la seconde. Dans la plupart des cas, la recharge rapide ne sert que lors des déplacements sur de grandes distances et n’est qu’un complément à la recharge à domicile.
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De gauche à droite : borne de niveau 1, borne privée de niveau 2 (image : © Shutterstock), borne publique de niveau 2 (image : © Hydro-Québec), borne rapide à courant continu (image : © Hydro-Québec).
Même si la recharge de niveau 1 est la plus lente, elle permet tout de même de redonner au moins une cinquantaine de kilomètres d’autonomie à un VÉ par soirée/nuit de recharge. Cela est amplement suffisant pour répondre aux besoins de la grande majorité des automobilistes. Par conséquent, du moins pour le moment, la Société d’habitation du Québec choisit de permettre et même d’encourager la recharge de niveau 1 dans les stationnements du parc d’habitations à loyer modique (HLM) et y interdit l’installation de bornes de niveau 2. Il faut savoir que l’installation de telles bornes, en plus de représenter une dépense importante en infrastructures, peut engendrer des problèmes de capacité aux installations électriques lorsque le nombre de bornes se multiplie, autant à l’échelle d’un bâtiment que d’un quartier ou de la province. Les locataires dont les besoins ne sont pas entièrement comblés par la recharge de niveau 1 sont invités à se tourner vers les bornes publiques lorsque cela est nécessaire.
L’utilisation des prises électriques existantes à 120 V est préconisée. On pense ici surtout aux prises chauffe-moteur et aux prises extérieures. De légères modifications à l’installation électrique pourraient être nécessaires, car les prises chauffe-moteur sont parfois contrôlées par une minuterie ou en fonction de la température extérieure. Les prises qui serviront à la recharge de niveau 1 devront être alimentées en permanence et, idéalement, être sur un circuit réservé. Deux bornes de niveau 1 ne peuvent être alimentées par le même circuit électrique, car cela le surchargerait au-delà de ses capacités normales. Une modification dans l’attribution des espaces de stationnement pourrait également être nécessaire dans certains cas.
Si un stationnement ne comporte pas déjà de prises électriques, de nouvelles prises de 20 A à 120 V peuvent être installées pour répondre à la demande, sur approbation du conseiller ou de la conseillère en gestion de l’organisme. Il est alors suggéré de dimensionner le conduit ou le câble souterrain en prévoyant qu’un circuit de 40 A à 240 V pourrait éventuellement y passer. Le même conseil est à appliquer lors de la réfection d’un stationnement. Le but est d’éviter de devoir refaire des travaux de génie civil (creusage et percements) dans le futur si des bornes de niveau 2 sont installées.
En vertu de l’article 11, sur les ajouts au loyer de base, du Règlement sur les conditions de location des logements à loyer modique (RLRQ, chapitre S-8, r. 3), les locataires qui ont accès à une prise électrique attenante à leur espace de stationnement, traditionnellement pour brancher le chauffe-moteur de leur voiture à essence, paient déjà 5 $ de plus par mois pour leur loyer (différence de coût entre les alinéas 3 et 4). Il n’y a donc pas de modification à apporter si le locataire acquiert un VÉ. Par contre, ce supplément à payer devra être ajouté au bail d’un locataire à qui l’on donne nouvellement accès à une prise électrique.
Dans les projets AccèsLogis Québec (ACL), il est suggéré de suivre la même orientation que dans le parc de HLM : favoriser la recharge de niveau 1. Si l’ajout de prises électriques extérieures est souhaité par l’organisme, les travaux doivent être financés par la réserve hypothécaire du projet ACL, pour autant qu’elle soit toujours active et pourvue d’un solde suffisant. La même recommandation est alors faite en pensant au futur : dimensionner le conduit ou le câble souterrain en prévoyant qu’un circuit de 40 A à 240 V pourrait éventuellement y passer. Un ajout au loyer de 5 $ par mois est également recommandé lorsqu’une prise électrique est accessible au locataire près de son espace de stationnement, mais cela reste à la discrétion de l’organisme.
En ce qui concerne l’installation de bornes de niveau 2, cette dépense n’était pas admissible à la subvention à la construction et ne peut être financée par la réserve hypothécaire du projet en exploitation. Le financement de cet ajout, tout de même permis, se trouve à être la responsabilité de l’organisme et doit être exclu du montage financier régulier du projet.
Le présent document vous est fourni à titre informatif et contient des renseignements techniques s’adressant à l’ensemble des organismes d'habitation sociale. L’organisme et son personnel technique demeurent responsables de s’assurer que les recommandations sont effectivement applicables à leur cas particulier. À cet effet, nous vous suggérons de consulter le Guide de gestion du logement social, le Guide des immeubles, les normes applicables et, le cas échéant, tout professionnel compétent en la matière.