L’itinérance est un sujet complexe qui peut être défini de plusieurs façons et dont l’étude comporte des défis importants.
C’est pour répondre à ces défis que le Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC), en partenariat avec d’autres acteurs, dont la Société d’habitation du Québec, s’est engagé à financer la recherche intitulée Vigie et surveillance de l’itinérance. Méthodologie, outils et usages dans le cadre de l’action concertée Pauvreté et exclusion sociale.
Cette recherche, menée en 2017 par M. Roch Hurtubise, chercheur postdoctoral, en collaboration avec l’Université de Sherbrooke, avait pour objectif de relever les principales stratégies développées pour assurer une surveillance du phénomène de l’itinérance en s’intéressant aux outils, indicateurs et méthodes privilégiés.
Elle avait également pour objectif de dégager des pratiques novatrices et transposables au Québec, pouvant inspirer la suite des travaux pour le portrait québécois de l’itinérance.
Cette étude se base sur une revue de la littérature nord-américaine, européenne et australienne sur le sujet de l’itinérance.
Quelques faits saillants
- Cinq stratégies d’étude du phénomène de l’itinérance ont été dégagées au cours de la recherche :
- Les inventaires de fréquentation des ressources d’hébergement prennent appui sur les données administratives compilées dans des ressources d’hébergement d’urgence. Cette stratégie a l’avantage de donner un portrait des usagers, des services qui sont offerts par ces organismes et de leurs résultats.
- Les dénombrements de rue ponctuels permettent d’estimer le nombre et certaines caractéristiques des personnes en situation d’itinérance à un moment donné sur un territoire donné. Cet exercice nécessite la mobilisation des organismes de services auprès de ces clientèles, de nombreux bénévoles et une stratégie de formation et de communication importante.
- Les enquêtes sur les facteurs individuels et les facteurs collectifs permettent d’estimer le risque de se retrouver en situation d’itinérance, dans le but de mieux prévenir le problème.
- Les approches mixtes ne reposant pas sur des méthodologies standardisées, il est difficile d’en dresser un portrait. Elles sont généralement adaptées en fonction des questions auxquelles elles veulent répondre.
- Bien que les enquêtes à thématique spécifique n’aient pas pour objectif premier de dresser un portrait complet de l’itinérance, elles contribuent à préciser ce portrait en saisissant les aspects moins visibles du phénomène.
- L’inventaire de fréquentation des ressources d’hébergement pour personnes itinérantes et le dénombrement de rue font l’objet de nombreuses critiques :
- Sous-estimation de la population itinérante.
- Risques de doublons dans le décompte.
- Difficultés à rendre compte de la diversité du phénomène de l’itinérance, notamment de l’itinérance cachée, du risque d’itinérance et de l’instabilité résidentielle.
- Vision statique et non dynamique du phénomène.
Ces stratégies de production de portraits de l’itinérance présentent toutefois l’avantage de reposer sur une méthodologie standardisée et éprouvée, ce qui rend leur planification plus aisée et leurs données plus facilement comparables.
- La variabilité des méthodologies utilisées rend difficile la comparaison des différents portraits dressés dans le temps et à l’échelle mondiale. De même, la variabilité des définitions de l’itinérance rend difficile la prise en compte des transformations de cette réalité : à l’itinérance de rue s’ajoutent en effet l’itinérance cachée, primaire, secondaire, spirituelle et culturelle.
À retenir
Les stratégies de production de portraits de l'itinérance sont diversifiées, elles répondent à des besoins spécifiques et se déploient dans des contextes qui présentent des enjeux et des défis hétérogènes. La complémentarité de plusieurs stratégies semble être une voie prometteuse qui cherche à réconcilier de multiples sources de données, des besoins et des intérêts locaux, régionaux et nationaux.